27 janvier 2023
Ville d’Onex
L’amour se plait à unir les contraires ? Il aimante la modeste, sage et pieuse Aline et le meilleur parti du village, Julien, le fils du syndic : « L’amour entre dans le coeur sans qu’on l’entende ; mais une fois dedans, il ferme la porte derrière lui. », nous rappelle C.F. Ramuz. Du moins est-ce le cas pour Aline, jusqu’à se transformer en une passion dévastatrice et criminelle…
Et j’ai crié Aline est le troisième opus où Romanens & Format A’3 entrecroisent, non sans humour, littérature et musique – après Voisard, vous avez dit Voisard et Courir qui fit triompher à chaque représentation trois ans durant et Jean Echenoz et Emil Zátopek ! Si le titre nous entraine vers la mélodie nostalgique de Christophe et de la pop des années 1960, il s’agit là d’un filtre qui joue avec l’horizon d’attente du public, tout en établissant avec lui une truculente complicité́.
La source première de cette création est en effet avant tout un roman de jeunesse de Charles Ferdinand Ramuz, Aline, « à l’intrigue simple et puissante », « faussement naïve », nous confie volontiers Thierry Romanens.
L’adaptation de ce dernier nous donne à entendre la force des mots de cet auteur romand dont l’écriture, magistrale, tient à la puissance d’évocation d’un terroir local et de la parlure savoureuse de ses habitants : elle rend compte d’une forme poétique qui transcende tout régionalisme, nous propose une traversée des élans du coeur, tout en nous invitant à une certaine introspection.
Au plateau, les mots sonnent et résonnent : de combustibles incandescents, chantés ou parlés, ils deviennent matières sonores, narration partagée entre la voix des musiciens et du comédien.